L’Euro des migrants
Texte : M. Tran
Illustration : Bébert
1984, Marseille – demi-finale de l’Euro de football France-Portugal, 119ème minute.
La France, organisatrice et grande favorite du tournoi, mais qui n’a jamais rien gagné, vient d’égaliser quatre minutes plus tôt dans les prolongations, et se dirige vers les tirs au but.
C’est alors que Luis Fernandez, fils de migrants espagnols, récupère le ballon aux abords de la surface de réparation française. Il le remonte jusqu’au milieu du terrain et alerte Jean Tigana, fils de migrants maliens, d’une passe appuyée.
Tigana s’avance, tente une passe interceptée par un joueur portugais, mais réussit à récupérer le cuir et déborde sur l’aile droite.
En bout de course, il parvient à centrer aux six mètres vers Michel Platini, petit-fils de migrants italiens, qui prend le temps de contrôler, avant d’expédier le ballon sous la barre : 3-2 pour la France.
Quatre jours plus tard, le dimanche 27 juin 1984, la France remporte son premier trophée continental, 2-0, avec encore un but de Platini, sur coup-franc, la fameuse « Arconada », du nom du gardien basque espagnol qui laisse filer le ballon sous son bras, alors qu’il semblait l’avoir capté.
Les footeux français sont aux anges, comme en 1998 et 2000, quand la France remporte la Coupe du monde puis un deuxième championnat d’Europe, grâce notamment à Zidane (descendant d’Algériens), Desailly (né au Ghana), Trezeguet (Franco-Argentin), …
Dupont, Martin ou Tartempion les acclameront, ce sera la France black-blanc-beur.
Deux ans plus tard, en 2002, Jean-Marie Le Pen, qui stigmatise les étrangers au pays de la mixité, est élu pour le second tour les élections présidentielles.
M. Tran