Edito Juillet 2017
Texte : Gabi
Illustration : Cortez
Quand j’ai reçu la proposition de thème pour ce mois-ci j’ai sauté de joie. L’arnaque c’est génial comme sujet, y’a tellement à dire ! Ouais, finie la période Peace & Love, on repart au front pour leur rentrer dans le lard à tous ces malhonnêtes !!
Et puis pfrrrttt ! Rien. Nada. Peau de balle. Inspiration aux abonnés absents. Encéphalogramme plat. En fait, l’arnaque est tellement partout que ça me laisse sans voix. Pas la peine d’en rajouter, il pleut des arnaques chaque jour. Tu tapes dans une poubelle et il en sort dix, des affaires toutes plus nauséabondes les unes que les autres. Il suffit d’ouvrir un journal, d’allumer la télé, d’écouter la radio, de surfer sur le net, de discuter avec les voisins, les amis, les collègues de boulot, … il y en a pour tous les goûts, les égouts, le dégoût : des élus qui détournent l’argent public, des patrons qui s’octroient des salaires abracadabrantesques, des profiteurs de misère spirituelle, affective ou sexuelle, des faux médecins, des médicaments qui empoisonnent, etc. Dans cette société où le paraître l’emporte sur l’être, nous sommes cernés par l’arnaque, c’est à en devenir parano. Même dans les mots croisés ce matin il fallait trouver, dans la même grille, les mots « arnaque » et « arnaqueuse » !! Et puis j’ai peur de me répéter, de répéter d’anciens numéros d’e-délire aux thèmes éminemment évocateurs d’arnaques à grande échelle : « mobilité, flexibilité, compétitivité, enfoirés », « la politique », « la publicité », et même « l’amour et l’amitié ».
En tout cas il faut être deux pour faire une arnaque : un menteur et une victime. Hypocrisie, couardise, compromission font de nous des victimes consentantes. On se fait avoir, on gueule, puis on se tourne vers le prochain marchand de perlimpinpin et ça recommence. Il faut croire qu’on y trouve notre compte, tels d’éternels enfants qui feignent de croire encore au Père Noël, de peur de ne pas avoir de cadeaux.
Comment en sommes-nous arrivés là ? A quel moment on a merdé ?? Est-ce l’apanage des grands singes que nous sommes de faire autant de simagrées pour obtenir la place du chef, la plus belle femelle, le plus gros régime de bananes ? L’humanité ne doit-elle pas nous élever au-dessus de ces bassesses ? Et si nous commencions par ne pas nous mentir à nous-mêmes ?
En cette période de bac philo, le thème de l’arnaque amène à se poser une question fondamentale dont la réponse se trouve peut-être dans ce numéro : mieux vaut-il une vérité qui dérange ou un mensonge qui rassure ? Vous avez 4 heures.