Fausse route (témoignage)
Texte : 537718
Illustration : Bébert
Comme la semaine dernière, 5 jeunes africains francophones se dirigent vers une vie supposée meilleure. Ils prendront ce soir un autre bus qui roulera toute la nuit pour les amener aux portes de Paris.
J’en ai vu quelques-uns depuis 6 mois, des jeunes gens – le regard rempli d’espoir – avec qui j’ai partagé parfois le sentiment de joie qui vous submerge quand vous êtes proche de votre but, des jeunes d’une vingtaine d’années qui ont quitté leurs familles pour l’Eldorado parisien… Des garçons souvent et quelquefois des filles – des jeunes – avec qui nous avons pu parler de l’idée d’une France si belle dans leurs têtes…
/// Barrière de péage – 18h40
Comme la semaine dernière, la police monte dans le bus.
Je me réveille en sursaut.
« Contrôle de papiers ».
Ceux qui n’ont pas de documents en règle sont aussitôt débarqués (enfin, sauf l’Australienne à la peau blanche qui avait oublié son Aïdi à l’hôtel), direction « la case départ ».
Deux fois en deux semaines !!!
Je demande au flic si « le cerbère » a fermé la porte et balayé d’un geste la légendaire hospitalité qui nous caractérise…
Je suis blessé, je suis triste comme à chaque fois que l’humanité est agressée.
Monde de merde, tu fais fausse route…
Je ne vois plus de jeunes africains dans les bus depuis quelques semaines. Le service communication de l’immigration clandestine a bien fait son boulot, et ils passent par d’autres chemins moins surveillés… Je souhaite que certains puissent arriver à bon port.
J’avais déjà lu ton texte sur FB. Beau et émouvant témoignage.
J’adore le détournement du tableau.