Monnaie

Monnaie

Texte : M. Tran
Illustration : Jaq

On te parle d’oseille,
D’artiche et de talbins,
Et tu perds le sommeil,
Pour cent briques, t’as plus rien.
Tu as besoin de fric,
De caillasse, de pognon,
La fraîche, c’est l’Amérique,
Tu cours après les ronds.
Tu calcules ton pécule,
On t’a donné la pièce
Et, crédule, tu spécules
Sur tes chances de richesse.
Tu comptes tes quatre sous
Au royaume du business,
Tandis que les ripous
S’occupent du tiroir-caisse.
Ton temps, c’est leur argent,
Leur thune, c’est ton travail,
Le pactole des truands
Qui t’envoient la mitraille,
La valse des billets,
Du pèze et des pépettes,
La récolte du blé
Des rois de la galette,
Les maîtres du fric-frac,
Les dévoreurs de flouze
Qui arrangent leur mic-mac,
Et pour toi, c’est la loose.
Quand le grand capital
A raflé le grisbi,
Toi, tu mendies cent balles,
Tu n’as plus un radis.

2 comments on “Monnaie
  1. Lyne dit :

    Un poème qui claque avec la richesse de l’argot. N’avoir plus un radis ça peut donner ça aussi :

    Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
    Mon paletot aussi devenait idéal ;
    J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
    Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

    Mon unique culotte avait un large trou.
    – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
    Des rimes. Mon auberge était à la Grande Ourse.
    – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

    Et je les écoutais, assis au bord des routes,
    Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
    De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

    Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
    Comme des lyres, je tirais les élastiques
    De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

    Arthur Rimbaud

    La poésie, une sacrée richesse !

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