Triptyque des enfoirés
Texte : Lyne
Illustration : Bébert
(Outre la définition bien connue du mot enfoiré, j’en imagine une autre, qui ne s’y substitue pas mais s’y superpose : littéralement : Mis en foire)
Mes mains, ils les ont entravées
Où est mon pays, ma famille ?
Braves sont mes frères de nuit
Ils font reculer la peur
Là tout bas, presqu’un murmure
Ils chantent à fond de cale.
Tangue ce maudit navire,
Embarcation de l’Enfer.
Forcés de courber l’échine,
La flamme de nos yeux s’éteint
Envolée vers notre terre.
X, une croix sur un registre
Identité piétinée
Ballots de chair négociable,
Ils convoitent notre souplesse
L’endurance de nos muscles
Ils inspectent notre bouche
Tendent nos bras vers le ciel
En une prière obscène.
Compagnons, regardez-moi
On m’a séparé de vous
Mon jeune corps est marchandé
Pour quelques poignées de pièces
Et ma liberté sans prix
Tient dans la main de cet homme
Il se dit être mon maître.
Transaction satisfaisante ?
Imbattable qualité ?
Viande fraîche de premier choix ?
Illusion. L’ignominie,
Toute l’humanité, un jour,
En payera le prix fort.
Je découvre ton illustration. Merci beaucoup Bébert
Chapeau les deux artistes !
Merci Gabi !