Ven(dan)geur
Texte : Lyne
Illustration : Les taquineuses de l’ard
Au milieu des vignes,
la nuit,
je me tiens,
tremblant,
les poings crispés.
A mes pieds
le fusil
que je viens de lâcher.
Les lourdes grappes sombres
se balancent
à peine esquissées,
la lune est noire.
Quelques étoiles,
je relève la tête.
Beauté frelatée des raisins
enveloppés
de fine brume,
insidieux poison,
jour après jour.
Ma mère vient de mourir,
la belle vendangeuse,
une parmi d’autres.
J’entends son rire,
et puis sa voix si calme,
déterminée,
douce :
« Assez de sang,
pardonne ».
A l’horizon,
le soleil,
les voix claires,
les moteurs,
un grand cru se prépare,
mes larmes sur la terre,
juste un peu d’eau salée.
ce cru-là a le goût de raisiné …