En route pour la joie

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En route pour la joie

Texte : Bébert
Illustration : Cortez

Nous, pour nos vacances, nous avons été très Montebourgiens, hexagonaux et centraux, nous avons choisi la périphérie de Paris, le Val fourré, à Mantes-la-Jolie.

Comme camping, nous avons trouvé un petit parc dans un écrin de béton à l’architecture verticale, substantifique moelle de l’art premier des années soixante.

L’endroit était peu fréquenté, seules quelques familles roumaines s’y étaient installées, charmantes au demeurant, mais équipées d’un matériel de camping des plus désuets.

Le parc avait dû être construit sur les vestiges d’un ancien hôpital au vu du nombre de seringues que l’on a retrouvées en plantant la tente.

Un parc de jeux agrémentait les lieux de son brouhaha enfantin, accompagnant le chant des oiseaux du parc de cris aux sonorités cristallines: « Sa race, c’bouffon! »,  « Tavu’l’culd’la taspé là-bas ? Comment elle est trop bonne sa race !  » .
Nos enfants y allaient et échangeaient avec les autochtones quelques bases de patois local : « Vous venez, on va chourave un scoot, mais vous faites pas les boucaves, pas un mot à votre reum ni l’daron ! « .

Tous les matins, j’allais au pain, entrée 4b du bâtiment des Ulis.
La baguette n’était pas donnée et les rations spartiates. Mais je ne voulais pas décourager ces jeunes entrepreneurs dans leur projet de commerce de proximité et de plus, leurs « barrettes », comme ils disaient, avaient des effets apaisants et quelque peu euphorisants. Ils vendaient de la farine aussi, mais, incongruité commerciale, beaucoup plus chère encore que leurs baguettes !

La population locale était très serviable.
Je me souviens d’un matin où on s’était réveillés sans notre tente, elle avait disparu durant la nuit sans que l’on ne s’en aperçoive, et bien, au petit matin, un jeune homme nous proposait de nous en vendre une.
Par un heureux hasard, celle-ci était du même modèle.
Devant notre désarroi, celui-ci nous a généreusement consenti une remise de 20%. Face à cet élan de générosité, je n’ai pu m’empêcher de laisser perler une larme au moment de le régler.

Le seul bémol de ces vacances idylliques fut la perte de la voiture, nos enfants l’avaient brûlée. Rite initiatique,  m’ont-ils expliqué, pour faire partie de la bande.
Mais pouvait-on leur en vouloir de vouloir épouser les coutumes locales, de leurs besoins d’assimilation à leur villégiature estivale ?

Non, ces vacances de proximité loin des sentiers battus valent toutes les escapades loin de nos contrées.
En guise de souvenir, j’ai ramené quelques baguettes pour faire découvrir à nos voisins les arts culinaires de ces contrées oubliées et ouvrir notre monde rural aux cultures des cités.

Bébert

1 comments on “En route pour la joie
  1. Gabi dit :

    C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse …

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